Préface

Le 7 janvier 2015, me trouvant au Liban, j’ai appris que des terroristes avaient assassiné des journalistes à Paris.

Ma première pensée a été de révolte, car je refuse le meurtre. A fortiori quand il a pour but de répandre la terreur et de recruter des assassins.

C’est en effet pour se faire de la publicité qu’Al-Qaïda et Daech commettent des crimes spectaculaires en Occident, ou se font filmer égorgeant des innocents. Cela leur permet de se faire connaître, non seulement des islamistes, mais aussi des délinquants. Dans le monde de la pègre, les petits criminels admirent les grands, et le succès des terroristes suscite un grand nombre de vocations. Plus d’un délinquant verra dans le crime terroriste un moyen de passer du statut de « pauvre type » à celui de « héros ».

Pour ne pas entrer dans le jeu des organisations terroristes, il aurait fallu traiter les assassins de Charlie Hebdo comme des malades et des criminels de droit commun, car c’est ce qu’ils sont.
Loin de faire cela, le gouvernement français a organisé une manifestation d’envergure mondiale. Et le 11 janvier 2015, des dizaines de chefs d’État ou leurs représentants défilaient à la tête d’une grande foule. Ces chefs d’État disaient protester contre la prétention des islamistes à limiter la liberté d’expression des «blasphémateurs » et des autres.

Mais ils ne protestaient pas contre les régimes islamistes qui payaient en Occident des prédicateurs pour commander de tuer ces «blasphémateurs». (Au contraire, ces régimes avaient été invités à la manifestation.)

Ils ne protestaient pas non plus contre les islamistes saoudiens qui, le 9 janvier 2015, avaient fouetté le citoyen Raif Badawi, parce qu’il avait défendu les droits de l’homme. (Au contraire, ceux-ci participaient à la manifestation.)

Ces chefs oubliaient également de protester parce que des islamistes se réclamant de Daech venaient d’assassiner deux mille Nigérians — des civils pour la plupart.
Et en avril 2015, ils ne manifesteront pas en apprenant qu’Al-Qaïda avait tué 150 étudiants kenyans dans un campus.

Face à toutes ces horreurs, il fallait que j’écrive un livre pour montrer que le terroriste n’est qu’un exécutant et que certains régimes ont payé des milliards de dollars pour laver son cerveau et ceux de bien d’autres en Occident. Il allait que je traduise les textes dans lesquels ces mêmes régimes se vantent d’avoir financé en Occident l’enseignement du salafisme (qui ordonne de tuer « l’insulteur de Mahomet »). Car cet enseignement a causé les émeutes de l’affaire Rushdie et de l’affaire des caricatures de Mahomet, la vocation de Ben Laden, l’institution d’Al- Qaïda et de Daech, et les attentats et autres crimes qui sont commis tous les jours au nom de l’Islam salafiste.
Je publie ici en fac-similé les textes islamistes es plus incroyables qui circulent en Occident, surtout ceux en français. Car dans des livres publiés à Paris même, on appelle à amputer la main du voleur, à pratiquer l’esclavagisme, à coucher avec les captives de guerre même si elles ont moins de dix ans, à considérer l’esclave comme un animal, à fouetter le buveur de vin, à tuer le musulman qui ne fait pas ses prières ou qui quitte l’Islam, et, bien sûr, à tuer « l’insulteur de Mahomet ».
Pour arrêter le terrorisme, c’est à la source qu’il faut frapper en appliquant la loi qui, en France, considère l’incitation au racisme, ou au sexisme, ou à l’esclavagisme, ou au meurtre, ou à la mutilation, comme un délit passible de prison, ou au moins d’amendes. Tant qu’on ne fera pas cela, on pourra tuer ou mettre en prison des terroristes, cela ne changera rien, il y en aura d’autres.
Il s’agit d’un crime de non-assistance à personne en danger. Et je pense d’abord aux adolescents fragiles et aux parias qui, à cause de notre lâcheté, deviennent djihadistes et meurent pour avoir voulu tuer.

Je sais qu’avec « Fatwas et Caricatures », je vais me faire de nouveaux ennemis, et j’ai de la peine parce que certains d’entre eux seront de bonne foi. Mais je reprends à mon compte ces mots de Charles Péguy :

« Si la vérité blesse une organisation, taira-t-on la vérité ? Si le mensonge favorise une organisation, dira-t-on le mensonge ? Vraiment à la vérité blessante on fera l’honneur de ne pas la traiter plus mal que le mensonge blessant ? Mais, taire la vérité, n’est-ce pas déjà mentir ? Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires ! »
Je vais donc « gueuler la vérité » dans Fatwas et Caricatures, que je dédie à toutes les victimes des agissements que dénonce ce livre, ainsi qu’à tous ceux qui les ont combattus et les combattent encore.
Je le dédie aussi à tous ceux qui souffrent. Qu’ils se rappellent que les ténèbres les plus noires sont celles qui précèdent l’aube.

Cela, je me le dis tous les jours à moi-même pour avoir le courage de continuer.

Lina Murr Nehmé